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« A la barre du DC 20 »
(1 ère partie )


« Un peu plus lourd et plus marin que le 590 ou le bélouga, le DC 20 a un programme tourné vers la régate, la balade et la croisière côtière. Près de 50 ans après sa création (1962 - 63), le DC 20 n'a rien perdu de ses qualités régatières et n'a pas à rougir de la comparaison avec les bateaux d'aujourd'hui. Pourtant cette série fortement inspirée du Bélouga n'a pas eu le succès escompté compte tenu de l'explosion des modèles construits à l'époque et peut être du prix de vente assez élevé du bateau. Seulement 217 DC20 auraient été construits tant en France qu'en Suisse (voir rubrique "recensement"). Mis à part quelques regroupements comme à Angers, à Chevroux en Suisse ( lac de Neuchâtel), la flotte de DC20 est assez disséminée. On trouve quelques unités en Bretagne ( Golfe du Morbihan - Bretagne nord), en Acquitaine ( Bassin d' Arcachon )....et de çi de là. Aidez nous à les resituer !
Le DC20 conçu et fabriqué par SILVANT, a été construit également en Suisse. Trois modèles ont été fabriqués là bas et naviguent encore sur les lacs ! : le DC20 ancien, le mK2 et le mk3. dont "l'histoire" vous est racontée dans la rubrique du même nom.
Si vous connaissez des histoires du DC 20 et/ou les caractéristiques de ces différents modèles, n'hésitez pas à nous en faire part !! .
Merci à jacques MONSAULT et à la revue "Bateaux" qui nous propose cet article à "la barre du DC 20".
Cliquez pour atteindre la rubrique voulue:

 

 

Introduction :

Tout vieillit, même les bateaux, aussi bien adaptés qu'ils puissent paraître aux nécessités d'un programme de navigation. C'est ainsi que le Bélouga, une des séries les plus répandues dans notre pays, qui atteignaient presque le chiffre de 700 unités, a vu ses cadences de construction baisser jusqu'à devenir symbolique. L'apparition récente d'une version en stratifié, construite par Matonnat, risque de poser à nouveau ce problème. Du léger avantage technique du lest du DC 20 ou d'une place dans une série solidement implantée et très régatière, qui va l'emporter ? ...nous ne le savons; ce qui est certain c'est que les techniques modernes de construction : collage, bois moulé, plastique, permettent de donner, dans le même volume extérieur, plus de volume habitable par suppression des membrures et du barrotage, davantage de sécurité par un cockpit autovideur et un lest de sauvegarde repris dans le même poids total.

Nous mêmes, nous devons avouer avoir souligné en son temps les faiblesses du Bélouga traditionnel qui limitaient un programme d' utilisation prudente de cette unité.

Le DC 20 est la réponse de Georges SILVANT à ces critiques. C'est ce qu'un architecte aurait produit aujourd'hui s'il avait été placé devant le programme que M. Eugène CORNU a eu à étudier en 1941.

Conception générale


En dépit d'une ligne plus moderne, notamment par la silhouette de son roof, le DC 20 présente une similiture certaine avec son ancêtre. Les dimensions extérieures, le déplacement, la surface des voiles sont voisines. Mais, partant d'une unité dont la construction était chère ( parce que toujours soignée pour se conformer aux exigences de son architecte CORNU ), SILVANT a choisi une coque en formes, construite à l'origine en bois moulés et qui est maintenant réalisée en plastique par les chantiers P. Jouët à Sartrouville. Le gain de poids obtenu sur la charpente lui a permis de la doter d'un lest de 140 kg, placé immédiatement sous la coque, dépassant à peine, et qui sert de sauvegarde contre un chavirage éventuel.

Une lourde dérive métallique, mais de dimensions réduites, traverse le lest. Le centre sur lequelle elle pivote a donc été abaissé et le puits qui coupe la partie avant de la cabine n'est pas très encombrant.

Extérieurement le DC 20 reste semblable à son ancêtre. Comme lui, il est destiné principalement à la régate en rivière, avec possibilité de loger à bord, et à la petite croisière côtière.

Le plan de forme montre un maître couple assez puissant, au bouchain nettement relevé au-dessus de la flottaison assez étroite, ce qui donne une stabilité initiale moyenne, mais un déplacement sensible du centre de carène dès les petits angles de gîte. Le maître bau est assez reculé et le creux maximum se trouve sensiblement aux 2/5 de la longueur de flottaison.

Celle ci est pincée à l'avant où les couples à fond arrondis ont un dévers important dans les hauts, procurant au DC 20 un bon passage dans le petit clapot, sans le privé du volume nécessaire pour lever à la lame, ni d'un pont spacieux. Les formes évoluent peu du maître couple jusqu'au tableau arrière si ce n'est par un rétrécissement important qui assure au DC 20, malgré une dyssimétrie des fonds, un comportement très acceptable aux angles de gîte moyens.

La coulée est belle et le DC 20 atteint facilement des vitesses élevées tant qu'il est peu gîté. La tonture droite à permis de relever sensiblement les bancs du cockpit et d'abaisser la hauteur du roof par rapport à ce qu'on trouvait sur le Bélouga. On y a gagné une sérieuse amélioration sur le plan esthétique et un cockpit autovideur.

Le plan de voilure se ressent de l'utilisation principale en régate : le triangle avant assez réduit, ne rend pas trop ardus les virements de bord fréquents qui sont la plaie - ou la joie - des régates en rivière. L' accastillage est bien prévu pour cela.

L'existence d'un lest de sauvegarde et l'espace gagné intérieurement par la construction d'abord en bois moulés, puis en stratifié de polyester, sans oublier des volumes de sécurité importants, augmentent beaucoup sur le plan sécurité les possibilités de croisère côtière.

 

Performances et qualités nautiques

Le DC 20 a cherché à combiner les impératifs - souvent contradictoires - de l'agrément en régate sur plan d'eau limité et croisière côtière en mer, activité vers laquelle son poids raisonnable et la possibilité de remorquage routier permettront de le conduire souvent.

Pour obtenir un bon passage avec une coque légère, il fallait pas mal de pied aux couples avant et, en corollaire, une partie importante du plan de dérive de la coque seule ( sans tenir compte de la quille ) se trouve avancée, ce qui a tendance à ralentir les évolutions. La combinaison des deux impératifs a donc conduit à un safran de bonnes dimensions.

La barre n' en est pas moins très douce et on oriente en mer le DC 20 avec peu d'effort : de petits angles suffisent la plupart du temps par gîte modérée. Mais, pour les évolutions rapides, il faudra donner progressivement de la barre et une certaine vigueur deviendra nécessaire. Cette même vigueur entrera en jeu si on laisse partir le DC 20 à la gîte.

En règle générale, le rappel sera nécessaire : la surface de voilure est assez importante pour le poids, comme il sied à un bateau amusant en régate, et il faut en tenir compte en croisière. Disons tout de suite que la largeur au pont est assez importante par rapport à celle de la flottaison et que le poids d' équipiers assis sur le passavant - où il faut monter assez tôt _ se sent très vite.

La coque assez dyssimétrique, impose un travail constant de réglage pour lequel le DC 20 est bien prévu. Encore que tous les bateaux ne soient pas identiques, ni comme accastillage, ni comme voilure ( il y a la grand-voile de jauge C), qu'on trouve des gréement à bastaques ou des pataras fixes. Il y a toujours la possibilité d'ajuster la tire des écoutes, la dérive et le safran pour obtenir l'idéal du moment, lequel, pour une unité aussi légère, change bien vite et de façon sensible.

Ceci dit, la maniabilité du DC 20 est excellente. Elle fait de lui un très amusant bateau de régate, apte à virer dans un mouchoir, à suivre les brises fantaisistes et à se faufiler comme un dériveur sur nos plans d'eau intérieurs très encombrés, avec assez de coup pour traverser les zones de dévente sur son erre.

L' allure du près lui convient bien, il fait un cap excellent et tant qu'on le tient droit tape remarquablement peu pour une unité aussi légère, sauf par certaines longueurs de clapots. Nous avons eu l'occasion de courir en mer à son bord et avons beaucoup apprécié son passage dans l'eau. Notre victoire ( car nous avons gagné ! ) était peut être due en partie au fait que, sur le route choisie, la longueur de la houle nous convenait bien, beaucoup mieux que plus près de terre, où le clapot plus court nous aurait peut être freiné davantage.

Nous nous étions efforcé de tenir le bateau et de ne pas dépasser 20 degrés de gîte. Dans ces conditions, par un vent de force 4, avec le foc N°1 et deux tours dans la GV, nous étions parfaitement à l'aise, l'angle de barre n'a jamais dépassé quelques degrés.

On peut, quand le vent force, laisser filer le point de tire de la GV sous le vent. Mais si le vent dure, on trouve un meilleur profit à rouler quelques tours pour rester aux angles de gîte tolérés par le bateau, avant de changer de foc et, s'il y a de la mer, à faire courrir plutôt que chercher à faire du cap à tout prix. La tolérance à la gîte et les très bons moyens de contrôle de la voilure permettent au DC 20 de remonter au vent par des temps déjà forts, si l'équipage est compétent, car les techiques de conduite à appliquer restent très proches de celles qui font loi sur les dériveurs.

Quittant le près pour le largue, le DC 20 accélère sensiblement,mais moins que nous l'aurions cru à voir sa coulée. Cela tient, d'une part à l'excellente vitesse qu'il a en remontant au vent, mais aussi la longueur de la coulée que SILVANT à réduite pour obtenir une carène mieux balancée à la gîte et à l'avant qui est pincé. La carène est donc à son avantage dans les vitesses de déplacement. Le planer, que la rapidité de déplacement nous avait fait un peu escompter, en est rendu pratiquement impossible; tout au plus s'amuse - t-on parfois à suivre la crête de clapot pendant quelques mètres.

Aux allures bien arrivées, le spi vient équilibrer la GV et la vitesse du DC 20, dérive relevée et roulant beaucoup moins que nous ne l'aurions cru, est très flatteuse pour un bateau de cette longueur.

Amusant et agréable par petit temps; il nous a frappé par ses performances par brise fraiche et son comportement en mer où il est remarquable pour un bateau de sa catégorie.

Confort et agrément

Malgré sa cabine, le DC 20 paraît avoir sur été pensé pour la régate. Les aménagements de plusieurs unités que nous avons pu examiner étaient tous différents. Ils comportaient une base commune, très bien conçue pour les sorties de jour et la nuit occasionnelle.

Le pontage arrière est facilement démontable. Retiré, il dégage le tableau où s'accroche un propulseur à arbre long; le plancher du cockpit se poursuit jusqu'au tableau où l'eau embarqué s'évacue par deux larges dalots. Les bancs du cockpit s'ouvrent sur de vastes coffres où trouvent sa place un matériel même volumineux. Leur montage assure une étanchéïté enviable et mérite d'être signalé : alors que le dessus est horizontal, les lèvres des capots sont sensiblement inclinées vers l'intérieur du cockpit de telle sorte que l'eau n'y séjourne pas et s'évacue dans le cockpit et à la mer tant que la gîte est normale.

L' évier est encastré dans l'élément de pontage qui sépare le cockpit de la cabine.

Celle-ci - à laquelle on accède par un large capot coulissant - comporte, de part et d'autre de la descente, deux petits meubles, suivis de deux couchettes qui s' étendent jusqu' à l'avant du roof et sont bordées d' étagères sur leur avant. A bâbord, au pied de la couchette, un élement de rangement s'étend jusqu'à l'épontille qui supporte les jumelles du mât rabattable. Au delà, c'est un poste avant très bas, où l'on peut néamoins installer un cadre assez court pour équipier spartiate.

Sur cette base commune, on trouve des variantes plus ou moins élaborées. Dans certains cas la couchette bâbord ( c'est le cas sur Plijadur ), peut se tirer jusqu'au puits et devenir double.

Les placards et étagères peuvent être plus ou moins luxueux selon que la régate ou la croisière est l' élément prépondérant du programme. Quoi qu'il en soit, la cabine est assez confortable; on trouve une bonne hauteur assis sous le roof, à l'hiloire de laquelle on s'adosse moins confortablement car elle est assez haute et des coussins seraient nécessaires sous les reins.

Assis à la tête des couchettes, on sera dégagé du puits et l'on pourra étendre les jambes. Plus en avant, on dispose de moins de place, à cause du puits qui supporte une table, mais cela reste suffisant.

Pour de petites sorties le DC 20 pourra acceuillir 5 à 6 personnes jusque dans la cabine. Pour la croisière camping, le but visé est plus modeste : deux personnes admettant une hauteur limitée - sauf sous le taud de bôme au mouillage - pourront passer de très agréable vacances, un troisième pouvant être logé occasionnellement.

Sécurité et accastillage

C'est la sécurité qui a le plus bénéficié du progrès technique. On trouve sur le DC 20 actuel en stratifié, trois volumes étanches séparés totalement, qui totalisent 300 litres; un lest de sauvegarde qui rappelle quand même sensiblement quand la gîte s'accentue et un cockpit étanche. On peut donc considérer que le DC 20 est un bateau sûr, dans les limites d'utilisation d'une unité de ce genre qui doit rester à quelques miles des côtes.

En ce qui concerne l'accastillage, qeul que soit le choix de l'acheteur : G.C.L., régate en rivière ou autre, nous l' avons toujours vu disposé, solidement et sérieusement monté. Cette assez grande variété de détails prévus par SILVANT correspond bien à la mentalité du régatier, chacun ayant sur ce point de petites théories personnelles.

L' équipement de la bôme à rouleau est correct, le palan de grande écoute venant prendre appui sur les rouleaux double croissant, robuste mais qui rend quelque fois délicat le roulage correct de la grand voile.

Le mât, monté sur jumelles, s'amène assez facilement : certains propriétaires ont fait mettre un arceau spécial, combiné avec le balcon avant pour faciliter la manoeuvre.

Il y a donc plusieurs variantes de gréement, adaptées à leur programme d'utilisation. Aucune ne mérite de critique particulière.

Conclusion

Nous avons retrouvé sur le DC 20 le soin apporté au détail et le sérieux de construction qui nous avaient frappé sur le major et qui semblent être la marque du chantier.

Le DC 20, plus peut être que le RC 20, son cousin plus hauturier ( il est vrai que nous n'en avions essayé qu'un prototype), nous a fait excellente impression.

Il nous paraît satisfaire aussi bien le programme d'utilisation pour lequel il est proposé : transportable, très évolutif, sensible, rapide, il plaira à ceux qui régatent en rivière, tandis que ses caissons étanches, son bon comportement dans la brise permettront à ses propriétaires d' effectuer de petites croisières côtières dans de bonnes conditions de confort, de sécurité avec l'agrément d'un tirant d'eau très limité.

Jacques MONSAULT

 

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